Namwezi N’Ibamba Douce, activiste, défenseur des droits des femmes, journaliste de profession depuis plus de 20 ans et membre de l’Association des Femmes des Médias (AFEM) et de plusieurs réseaux de promotion des droits humains. Une des rares femmes opératrices culturelles au Sud -Kivu.

Douce est née le 11 février 1989 dans la ville de Bukavu, province du Sud-Kivu. Deuxième d’une famille de huit (8) enfants. Épouse de Me Placide NTOLE et mère de trois enfants dont une fille et 2 garçons.

Cette semaine, le desk femme de globalinfos.net est allé à la découverte de cette femme journaliste dont son plus grand rêve est de voir une ville de Bukavu, où les filles jouissent de leurs droits.

Parcours scolaire et académique

Mes études maternelle et primaire, je les ai effectuées dans différentes écoles, notamment au collège Alfajiri (1996-1997) dans la ville de Bukavu à E.P la Colombe de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu (1998). J’ai également étudié à l’école E.P Muhungu de Bukavu (1999-2002).
Par ailleurs, mes études secondaires et humanités littéraires, toujours au collège Alfajiri de 2002-2008. Par la suite, j’ai été au département de relations internationales, faculté des sciences sociales, politiques et administratives à l’Université Officielle de Bukavu de 2008-2013. En outre, j’ai bénéficié de plusieurs formations certifiées spécifiquement sur la non-violence et études sur la paix à l’université de Rhodes Island aux Etats Unis en 2016.
Une autre formation sur la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations-Unies sur les Femmes, la paix et la sécurité, de 2015-2016 successivement en Suède, en Afrique du Sud et en RDC. Mme Ruth, voilà le résumé de mes études (rire)

Ses casquettes

Je suis activiste défenseur des droits des femmes. C’est d’ailleurs depuis mon jeune âge que je suis dans cet univers. Je dénonce les violations dont les femmes sont victimes sous toutes ses formes. Je suis journaliste de profession, c’est ma deuxième casquette et j’aimerais bien intégrer les perspectives du genre à travers les médias, la façon dont les informations sont traitées. L’objectif est de positiver davantage l’image des femmes. Une troisième casquette Ruth (sourire) Je suis experte genre et j’ai eu à développer suffisamment cette expertise.

Début de sa profession de journaliste

J’ai commencé la profession dès mon jeune âge. J’avais seize (16) ans lorsque j’ai rejoint l’équipe des jeunes reporters à la radio ‘’maria’’de Bukavu pour être formée pendant deux ans. Nous réalisions les reportages sur les réalités des enfants issus des groupes armés, de la rue, avec les guerres à répétition à l’est du pays. Par la suite, j’ai rejoint l’Association des Femmes des Médias (AFEM) en 2008, et l’objectif était de défendre les droits des femmes. Nous entrions en contact avec elles et prenions connaissance de leurs problèmes pour élaborer en suite des projets solution qui étaient diffusés sur nos radios partenaires.
Sept ans après, AFEM a mis sur pied, un média propre aux femmes, une radio thématique qui a vu le jour en 2015. J’ai travaillé au sein de cette radio comme directrice de programme et une année plus tard, j’ai été coordinatrice Ad intérim et en 2018 nous avons créé notre organisation axée plus sur les jeunes et la santé. Nous avons participé à une dizaine de formations au pays et en dehors du pays pour mieux exercer ce travail (sourire).

Pourquoi entreprendre ?

Tout part du regard que j’ai posé sur la réalité de ma communauté, j’ai compris que le pouvoir économique influe sur plusieurs aspects de la vie et je me suis dit que l’accès à l’emploi formel n’est pas à la portée de tout le monde. C’est comme ça que nous avons commencé à réfléchir sur les activités entrepreneuriales.
Nous avons incité les femmes à faire la photographie, les œuvres d’art… Et j’initiais souvent les jeunes étudiantes pour leurs autonomies financières.

Quid de votre expérience professionnelle ?

Je travaille à la radio culturelle thématique à Bukavu depuis décembre 2022. Je me rappelle lorsque je fus étudiante, je m’arrangeais pour suivre les formations de renforcement de capacités au détriment de mes études et je m’organisais pour me rattraper et bosser nuitamment. Un exercice compliqué auquel j’étais soumise, étant jeune je me privais de plusieurs choses. Heureusement, Dieu avait placé autour de moi, des personnes qui m’ont aidé à croire en moi.

Sa lecture sur la parité 

Pour moi, la parité numérique homme-femme ne suffit pas. Plusieurs aspects entrent en jeux. La configuration politique actuelle par rapport au nombre des femmes doit être prise en compte, car le pourcentage est encore faible. Mais je suis contente lorsque la RDC ratifie des accords pour changer la donne. Le problème aussi, c’est notre société, déjà à l’Université, on dit aux filles si vous étudiez trop, vous n’allez pas trouver des époux. Ces discours freinent les efforts d’avancement de la parité à mon humble avis (regret).

La culture, une passion ?

L’histoire débute en 2018, je suis consultée par des animateurs culturels pour mettre sur pied un projet culturel dans la ville de Bukavu où nous avons tant des jeunes non encadrés. Nous avons alors élaboré un projet et avons cherché des partenaires en 2019. Bref, sept organisations du Sud-Kivu se sont mis ensemble pour créer un espace culturel et j’étais élue comme Présidente du Conseil d’Administration de cet espace qui est une référence désormais dans la ville et des grands festivals s’y déroulent Exemple “Rumba parade” lorsqu’elle était nommée comme patrimoine immatériel de l’UNESCO il y a deux ans. En tant que PCA, je préfère toujours me rassurer que l’espace demeure un lieu d’expression culturelle.

Les défis relevés

Le premier défi, c’est d’avoir bravé plusieurs interdits en étant femme, certains secteurs sont masculinisés et les compétences des femmes remises en question. Et quand on est journaliste, la société pense que nous sommes des prostituées. Des femmes faciles et j’ai réussi à prouver le contraire. Un autre défi est d’ordre socioculturel, je suis l’une des premières femmes opératrices culturelle au Sud – Kivu. Et il y a toujours ceux qui sortent des commentaires sexistes pour bloquer l’épanouissement de la femme et personnellement, j’en fais une lutte quotidienne ‘’positiver l’image de la femme par nos compétences’’. Et le dernier défi est la recherche de l’équilibre entre la vie professionnelle, sociale et le ménage. Il faut une bonne d’organisation. (Rire)

Un message particulier aux femmes

À toutes les femmes confondues, vous n’êtes pas seules à souffrir des violences, du chômage, quelque part dans cet univers, il y a d’autres femmes qui vivent les mêmes réalités. Gardez espoir, car la femme est une personne qui porte toute une nation, elle est également porteuse d’espoir, d’amour, de tout ce qui est merveilleux. Femme, nous avons un grand pouvoir nous donné par Dieu et que nous devons exercer dans nos familles respectives et notre communauté.

Namwezi N’Ibamba Douce estime que le ministère du genre, famille et enfant en RDC devrait influencer les perspectives du genre dans tous les autres ministères, et être transversal parce que prise à part, on pense que c’est des histoires des femmes seulement hors qu’il y a nécessité d’avoir des experts genre à tous les niveaux de prise de décision.

Parmi ses principes, ‘’l’intégrité’’ elle pense que lorsqu’on veut travailler pour l’équité et la justice, lutter contre les anti-valeurs, l’intégrité est un facteur non négligeable.

Son plus grand rêve est de voir une ville de Bukavu, où les filles jouissent de leurs droits. Un projet qui semble produire quelques fruits, car certaines filles témoignent et dénoncent le mal et les injustices grâce à son combat .

 

Ruth KUTEMBA/https://globalinfos.net/